mardi 21 novembre 2017

Episode 51: Martine materne (à répéter dix fois très vite)

Chers tous,

Apres une longue pause de plusieurs années c’est avec une joie non dissimulée que je reprends la plume pour un épisode 51.

L’occasion n’est pas des moindres, il y a trois mois, Bjørn Håkon et moi sommes devenus parents de la petite Gretel (on a choisi un prénom passe partout) et la maternité en Norvège mérite bien un épisode de Martine chez les blonds

Après sept ans en Norvégie, être entourée par des forces de la nature qui n’ont qu’une peur – que le ciel leur tombe sur la tête - ne devrait plus me faire tomber de ma chaise. Pourtant, le suivi de la grossesse m’a quelque peu déroutée. En effet, ici, une bonne tape dans le dos par le médecin et une capsule d’oméga 3 et vous voilà bonne pour le service.

Vous auriez dû voir la tête de la sage-femme française quand je lui ai expliqué ça... Une échographie vite fait et pis c’est tout. Pauvre petite, mais c’est le tiers monde ! Qu’elle m’a soufflé catastrophée. Puis elle m’a prescrit une prise de sang, une échographie, et mille autres analyses en répétant dans sa barbe C’est pas possible quand même. Et quand je suis rentrée en Norvégie après les vacances en Bretagne, la sage-femme norvégienne m’a dit Mais qu’est-ce que vous êtes allée faire là-bas au 7ème mois de grossesse ? Avec leurs fromages affreux, tous les français ont la listériose ! Pauvre petite, mais c’est le tiers monde ! Qu’elle m’a soufflé catastrophée. Puis elle m’a prescrit une prise de sang, une échographie, et mille autres analyses en répétant dans sa barbe « C’est pas possible quand même ».

Pour l’accouchement, nos grandes juments blondes ont développé une culture débilitante de la mère warrior-back-to-nature utilisant la douleur de l’accouchement comme une source de fierté. Pas de péridurale et vas-y qu’on accouche dans une baignoire. La meuf te le raconte ensuite en roulant des mécaniques comme si elle enfilait une paire de lunettes noires et qu ACDC jouait « I’m TNT I’m dynamite ». Ma voisine enceinte prévoit même d’accoucher chez elle. Piscine gonflable et sage-femme à domicile… C’est mon voisin qui va être content de vider la dite piscine après coup en faisant des allers-retours avec un seau pour tout balancer aux chiottes. Et le placenta, je vous le mets dans un tuperware au frigo ?

Il va sans dire que du haut de mes 160 centimètres, j’ai dit à Bjørn-Håkon «On est en 2017, ils sont gentils tes copains les grands mais c’est pas la fête du slip (c’est le cas de le dire !), on accouchera a la maternité». Je dis bien on, car on a eu un grand lit et BH a pu passer du temps à la maternité avec Gretel et mois. Comme ses compatriotes, BH est généralement au taquet sur l’égalité homme femme. Il avait déjà passé la grossesse à avoir les jambes lourdes et à chialer devant des vidéos de chats sur Faceboook par solidarité. Du coup il a eu mal au ventre avec moi et j’ai dit que tout ça allait trop loin quand il a proposé d’allaiter Gretel aussi.

Une fois bébé arrivé, il y a la grande question du prénom. En Norvégie, on a six mois, SIX MOIS, pour déclarer un enfant a l’état civil. Ainsi, une collègue s’est ramenée au taff avec un bébé de deux mois qui s’appelait machin car ils avaient pas encore décidé du prénom. Tu parles d’une tristesse, il lui avaient donné un surnom du genre « grøtt ». Et c’est pas tout, au bout de six mois, tu es menacé par l’Etat qu’on attribue à ton enfant le prénom le plus donné du district. Je peux vous dire que Gretel, elle avait pas 10 minutes qu’elle avait un prénom, no way de se retrouver avec un prénom courant en Norvège du genre Æsjå. Vdm.

Ensuite, la maternité made in Norway est un cas à part.

Déjà on a un an ou presque de congés (en même temps, après 24 points de suture pour sortir un bébé au calibre norvégien sans péridurale, il faut bien déjà trois mois pour pouvoir à nouveau – ne-serait-ce que s’asseoir).  Nous voilà donc à domicile à long terme. Comment s’occuper ? Plusieurs options


  • 1. Sortir bébé-Knut dans une poussette géante adaptée à toutes les météos

Pousette modèle char d'assaut allemand
  • 2. Zoner dans les cafés à longueur de journée pour bouffer des brioches à la cannelle (à combiner sans modération avec l’option 1)
Et pendant que maman se reprend un grog, bébé dort dehors en se pelant les miches
  • 3. Une autre alternative, le babykino. Le concept est le suivant : aller au ciné avec bébé-Knut. La lumière reste allumée et le prix est réduit, mais on a le droit de mettre un sacre bordel dans la salle. Mon option préférée, Gretel a déjà sa carte de fidélité.

  • 4. On peut aussi aller au sport pour retrouver sa ligne de barbie asap en utilisant bébé-Knut pour les exercices
Pas con quand on sait que Knut pèse en moyenne 15 kilos à 4 mois. (ndlr : les courbes de poids norvégiennes sont abracadabrantes, ce qui fait que tout le monde trouve Gretel petite ici. Tout ca parce qu’à trois mois elle n’a pas encore mangé de côtelettes)

  • 5. En Norvégie, on est aussi mis en contact avec d'autres femmes qui ont accouché la même semaine dans le même quartier. On est ainsi dix nanas à se retrouver une fois par semane pour parler layette. Chaque fois que je sors de là, je peux vous dire que j'ai un peu les fils qui se touchent et pas franchement l'impression d'avoir sauvé le monde. Les discussions volent haut, depuis "la mienne regurgite" jusqu'au "le mien a fait caca jusqu'au cou ce matin". vdm, littéralement.
Enfin, on peut, mais surtout on doit, passer le plus clair de son temps à allaiter. Aucune mère qui se respecte n’y coupe, la police de l’allaitement guète et honte à toi si tu ne sors pas tes nibarres dès que bébé-Knut pleurniche. Fais pas dodo et t’auras mes gros lolos comme ils disent ici ! Et alors en la matière tout est autorisé ! Paie tes miches au café, sors tes boobs dans le métro, on y va on n’hésite pas c est nichons-land la Norvège ! C’est ça la pub que l’office du tourisme norvégien aurait dû faire dans les couloirs du métro parisien. Les cafés plein des nénés des blondes auraient attiré encore plus de touristes que les fjords plein de saumons. Quand Annemor dégrafait son corsâââgeuh pour donner la gougoute à Olaf...

En plus ici, on a le temps, alors on allaite jusqu’à 12 mois voire plus, et j’ai dû me pincer quand ma collègue enceinte du deuxième m’expliquait comment elle ferait pour continuer à allaiter l’ainé de deux ans jusqu’à la fin de sa grossesse puis après l’arrivée de bébé numéro 2 (véridique).


Pour conclure, une remarque, moi qui ai des yeux complètement noirs, j’ai fait un bébé avec les yeux bleus. Comme quoi sept ans d’acclimatation ont payé. La vie (ndlr et c’est un fort joli prénom) est un miracle !

Le bécot à tous,


Martine