lundi 3 mars 2014

Episode 48 : Norvisage : la passion des JO d'hiver

Norvisage

Chers tous,

Deux semaines de jeux olympiques d’hiver viennent de s’écouler, et voici le classement des pays aux jeux de Sotchi par nombre de médailles.




La Norvègie, avec ses cinq millions d’habitants, arrive fièrement deuxième (et notez bien au passage le nombre de médailles pour les petits gros de la Scandinavie, les Danois, mouarf), uniquement devancée par le plus grand pays du monde. La flamme olympique a brûlé plus que jamais dans le cœur des blonds et la conclusion de ces jeux est implacable : Madame Norvège est une machine à produire des champions.

Voici donc une enquête Martine chez les blonds sur la culture du ski en Norvège, l’amour passionnel des Norvégiens tant pour la neige que pour l’effort sportif, et la mobilisation générale pour les JO, entre pluie de médailles, débat sans fin sur le fartage des skis et engouement patriote maximum.

Pourquoi le ski de fond est-il aussi important dans la société norvégienne ?

Les Norvégiens le disent eux-mêmes en bombant le torse : ils sont nés avec des skis aux pieds.




Si ce n’est sûrement qu’une métaphore (ou alors **tain c’est un peu répugnant !), il est toutefois indéniable que le ski est au cœur de l’identité norvégienne.

On se souvient que les vikings en faisaient


et que c’était quand même un moyen de locomotion vachement pratique il y a mille ans déjà.

A l’heure actuelle, le ski de fond est une des pierres angulaires de la vie en Norvège : sa pratique permet de profiter de paysages incroyables l’hiver.

Trop beau !

Mais aussi d’éduquer les enfants au goût de l’effort dans la nature.

Le fils de notre voisin, 9 mois, dans sa troisième traversée de l’Antarctique

(j’ai même vu des classes de collège faire du ski à roulettes au bord de la mer pendant les heures d’EPS l’été).

Plus généralement c’est un facteur d’intégration dans la société. Oser dire trop haut qu’on n’aime pas trop le ski de fond n’est acceptable que dans les trois premiers mois où on habite dans ce pays. Ensuite, il faut au moins essayer, et si vous continuez de dire que vous aimez pas et qu’il va sacrément falloir songer à vous lâcher la grappe avec ces putains d’histoires de ski, vous pouvez vous prendre des mandales de vos collègues à la cantine, parce qu’avec un si beau pays et des si bons skis, c’est un peu cracher dans la soupe quand même.

Véridique, la croix rouge d’Oslo recrute des blonds bénévoles pour emmener les refugiés politiques accueillis par le gouvernement faire du ski dans les bois autour d’Oslo, histoire de les intégrer au mieux dans la société norvégienne.

Autre fait marquant : il est courant de mettre sur son CV en Norvège les trophées qu’on a décrochés aux courses de ski de fond les plus connues en Norvège et ailleurs. On y gagne en crédit. Pas mal de dirigeants de grosses boites norvégiennes sont aussi d’excellents fondeurs.

Vous l’avez compris, on n’y coupe pas.

Le ski oui, mais l’hiver surtout !

Il y a en Norvège un culte général des sports d’hiver. Une sorte de boulimie de neige, de glace et de trucs qui glissent dessus.
Combinez des hivers rudes et sans fin avec un peuple de forces de la nature. Ajoutez-y un culte du sport et de l’affrontement des éléments et vous aurez compris. En Norvège, on est sportif d’hiver, on en raffole même.

Mais c’est vrai que quand on voit le rapport nombre de médailles/taille de la population pour la Norvège, on en vient quand même un peu à se demander si on devrait pas se mettre au steak d’élan au petit dej en France aussi.

On ne plaisante pas avec les choses sérieuses

Ainsi, il est aisé d’imaginer que les jeux olympiques d’hiver sont en Norvège, mille fois plus importants que tous les autres événements sportifs. Bon leur dites pas, mais d’accord c’est parce qu’il y a du ski, de la neige et tout, mais c’est surtout parce qu’ils ne participent pas à grand-chose d’autre. (Ok sous la menace de Bjørn-Håkon je vous rappelle que les Norvégiens sont aussi très forts en handball et en javelot. J’interromps la rédaction de cet épisode pour aller copier 100 fois « Les norvégiens sont les plus forts »).  

Aussi les relais 4x5km dames et 4x10km messieurs sont-ils médiatisés comme une finale de coupe du monde de football. La planète norvégienne entière retient son souffle devant ces épreuves. 

Au travail aussi, tout s’arrête aussi pour faire place au sport. Rien n’est plus intéressant que le ski de fond pendant les JO d’hiver en Norvège. L’engagement est sans limite, des larmes, des cris et des hugs fraternels devant les écrans. N’importe quoi. Franchement, j’ai jamais entendu un seul collègue élever la voix pendant trois ans, et vas-y que ça beuglait dans l’open space devant la finale du biathlon parce qu’un Norvégien avait gagné.

L’investissement en temps et en argent pour le fartage des skis est en outre absolument hallucinant, des millions d’euros, des dizaines d’anciens champions qui testent un millier de paires de skis à Sotchi pour la team Norway, des débats sans fin sur pourquoi il fait trop chaud et les skis n’avancent pas, des interviews d’experts en fartage qui passionnent les blonds et déchirent les médias, des mecs virés pour avoir un peu merdouillé le fartage des skis pour une épreuve de combiné nordique et des discussion sans fin aux coins des bars de Norvège et de Svalbard sur la couleur de fartage qu’on aurait dû utiliser.

Même les curling boys se font designer des pantalons par des couturiers. (encore plus n’importe quoi !)


Remarquez que celui à droite est celui en photo dans un épisode précédent (le 34) qui nous a comparés à des Indiens qui n'avaient jamais vu de glace en nous voyant jouer au curling

Et Marie Bjørgen avait une doudoune plaquée or.



RIEN n’est trop bien pour les JO d’hiver. This is Norway.

Ton cœur battra pour ta partie norvégienne, petit Olav

Ceci n’est pas nouveau, les blonds sont très patriotes. Ça veut dire concrètement qu’on a eu le droit à nouvelle pluie de drapeaux dans l’euphorie de l’amour de la Norvège, avec mention spéciale mauvais goût pour certains restaurateurs :




Les Norvégiens se félicitent ainsi mutuellement des  médailles d’or décrochées par le pays. On pleure quand les (affreux méchants) Suédois gagnent, on va au passage allègrement charrier la collègue française quand 
Fourcade se fait piquer une nième médaille d’or au biathlon par Svendsen.. Bref, Vive la Norvège est le mot d’ordre des JO, d’ailleurs le roi a passé les deux semaines sur place, et l’hymne national norvégien commence par « Ouiiiiiii nous aimons ce pays » (sans blague??!!).

Star system

Dernier aspect rigolo des JO d’hiver en Norvège : tous les champions (et il y en a une flopée) sont des stars. Ils sont visibles dans tous les médias, ils sont interviewés en prime time, et même les aspects croustillants de leur vie privée intéressent et font vendre comme des petits pains les numéros de la presse people qui leur sont consacrés.

Briques de lait ou magasines de mode, ils sont sportifs et ils sont beaux !

D’ailleurs, le beau Martin Fourcade est une véritable star ici. On raconte qu’il viendrait s’installer à Oslo après les JO (on l’attend !), mais il ne va pas trop comprendre ce qui lui arrive quand il va débarquer, non pas seulement parce que tous les blonds vont l’appeler Martine (ca se prononce comme ça dans le nord de l’Europe) mais surtout parce qu’il est plus que jamais devenu une légende vivante en Norvège. Absolument tout le monde le connait.

Malgré tout, ces champions ont beau avoir des skis aux pieds, et ben ils ont les skis sur terre. Déjà , En Norvège, vous connaissez toujours quelqu’un qui connait quelqu’un qui est aux JO, donc ça donne un côté « guy next door » aux champions, mais en plus ils ont cette humilité scandinave qu’ils font qu’ils trouvent superflu de se la péter.

Vous voulez une preuve ? J’ai écrit un statut sur facebook pour féliciter Kjetil Jansrud de sa médaille d’or au Super G car on a un ami en commun ; et ben regardez ici qui a liké mon statut :


Bon la je vous l'écris calmement, mais sur le coup, je n’en POUVAIS PLUS J
Le bécot à tous


Martine