lundi 21 octobre 2013

Episode 44: Le foot m'a tuer

Chers tous,


Qui l’eut cru ? Côté sports, ce n’est peut-être ni le ski ni le curling qui rassemblent le plus de Norvégiens. Non. C’est sûrement le foot.

En effet, si l’on considère le fait que la Norvège compte cinq ligues, on en vient facilement à la conclusion mathématique que, entre première ligue (incluant d’ailleurs elle-même des noms colorés en å et ø foutument inconnus au bataillon) et cinquième, rassemblant des clubs d’entreprises ou de l’amitié des anciens du lycée professionnel d’Hønnefoss, 86% des hommes en âge de pratiquer le football jouent dans une ligue en Norvège. [1]
Toutefois, bien que très largement pratiqué, le football est, dans ce grand pays tout vide, assez familial. Brisons un premier tabou : aucune des villes norvégiennes n’est une mégalopole anonyme. Alors quand on vient au patelin de vingt à trente mille habitants, on croise toujours une tête connue au stade.
(Et alors en ligue 2, je vous raconte pas, on est trente au mieux si les matchs ne sont pas à domicile, et là, c’est carrément la smala. Et vas-y que je te claque la bise dans les gradins des supporters et comment va ton petiot qui a la grippe qu’il était pas au judo mardi soir m’a dit mon fils.)

A la mi-temps, les « surveillants » qui sont aussi l’oncle et le cousin du frère du président du club des supporters vendent des gaufres et du café. Assez loin de l’ambiance oreillettes et hooligans, donc.
Les stades sont à moitié vides mais on annonce triomphalement le nombre de personnes dans les gradins (enfin parfois il n’y pas de gradins du tout, on peut toucher les joueurs quand il y a corner, grrr par ici le petit blond) « quaaaaaaaatre cent vingt-trois personnes !!!!!!!!!!!!!!!! »

Le plus rigolo, c’est quand les joueurs de l’équipe croisés par hasard dans la rue ont ce genre de réplique fascinante pour les supporters (véridique) « ah je t’ai pas vu au dernier match »

Enfin, cela va sans dire, on passe aussi fastoche à la télé.


Exemple de foule en délire soutenant SF (=Sandefjord Fotbal, what else?)


Alors c’est vrai, c’est familial et les gaufres c’est sympa, mais on n’assiste pas toujours à du grand jeu non plus. Brisons ici un second tabou, le niveau de la Norvège en foot n’est pas équivalent à celui qu’elle a en ski de fond. Les quelques coups d’éclat restent dans les annales, comme la victoire contre le Brésil dans les matchs de poule en 1998 à Marseille, que les blonds déforment d’ailleurs avec culot en « On a gagné contre le Brésil à la coupe du monde 1998 ». Les rares joueurs norvégiens connus à l’étranger font la fierté de leur pays, mais à l’heure actuelle, personne ne saurait en citer aucun. (Même Zlatan est suédois, vdm).

Ainsi, tous les Norvégiens soutiennent une équipe de ces PD d’Anglais, dont la ligue est ici chérie et suivie avec le plus grand intérêt. Curieusement, Liverpool et son « You’ll never walk alone » vendrait plus de rêve que « Heia Heia Ålesund ». Plus étrange encore, tous soutiennent avec ferveur la Suède dans les compétitions internationales où la Norvège ne joue jamais pas. (ndlr. et là je reconnais ne toujours pas avoir élucidé ce bug).

Pourtant, les joueurs de foot norvégiens sont des héros. Ces mecs-là savent jouer au foot en se battant contre les éléments,


S’adaptant coute que coute à leur milieu




Ils jouent dans des conditions extrêmes




En somme, les norvégiens ont inventé un nouveau sport :




Y a plus qu’à faire passer le foot sur neige comme une discipline à part entière, et la Norvège est championne du monde aux prochains JO d’hiver :-)




Le bécot,

Martine


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[1] Moi, on m’a même appelé une fois pour me demander d’arbitrer tellement ils sont à la dèche de gens. Mais comme Bjørn-Håkon remplaçait déjà le gardien d’une équipe et que sa mère remplaçait le gardien de l’autre, j’ai préféré pas m’emmêler.