lundi 18 mars 2013

Episode 37

Norvisage
Les sociétés norvégienne ou suédoise sont souvent citées comme modèles de sociétés où la parité entre hommes et femmes a un train d’avance.  Place des femmes dans la société, congés paternité,  égalité au travail et dans la vie privée, tout y passe pour vous prouver par A+B que ces messieurs les grands blonds ont fini depuis belle lurette d’être des sales mâles misogynes.
Tout n’est pas uniforme bien sûr, mais il y a des aspects en effet très intéressants de cette parité à la sauce Ø et Å.
Super maman
Apres deux ans et demi à Oslo, cela continue de m’interpeller : tout est pensé pour que les mamans puissent vivre leur vie active, même après l’arrivée de bébé. La Scandinavie doit être un des endroits du monde où le modèle des 3K pour ces mesdames est probablement le plus as been.
Au travail tout d’abord, il est commun de disparaitre 13 mois (un an de congé maternité + 5 semaines de congés payés) lorsqu’on a un enfant. Pas de problème, c’est normal et cela s’insère sans trop de difficultés dans un plan de carrière, même ambitieux.  Madame la CEO sera de retour en mai 2014, merci de vous adresser à un de ses 3 assistants.
Après le travail également : au centre de sport, il y a une garderie qui propose de garder les enfants pendant que maman va au pilates ou pédale dans l’eau  histoire de retrouver son corps de Barbie asap.
Au cinéma, il y a des horaires « Baby Kino ». Le concept : la place est moins chère, la lumière reste allumée mais on peut venir avec bébé, telle une bombe prête à exploser en cris et en larmes. Sans complexe, puisque toutes les autres personnes dans la salle sont aussi venues avec un marmot : personne n’en veut à personne.
Maman peut donc être une femme active brillante, une sportive, et une fan de Woody Allen.
L’empire de la poussette
La société norvégienne aime les enfants et leur fait de la place. Les poussettes ont la priorité partout, et on ne lésine pas sur leur taille.

C’est là que parité prend tout son sens : quand maman retourne (enfin) travailler, papa prend le relai, certaines fois même pour 6 mois.

Papa-paternité
Au travail, votre super top manager est parfois contrainte d’interrompre une présentation pour répondre, agacée, au téléphone. Son empoté de mari, en congé paternité, panique car il ne sait pas quel petit pot choisir au supermarché. Elle raccrochera après lui avoir dit  « Ecoute, je ne peux pas te parler, là » puis reprendra énergiquement sa présentation pour le comité de direction.  Pour quelqu’un comme moi élevée par une féministe de la catégorie des plus dures à cuire, cela a quelque chose de très jubilatoire.
Et en effet, les jours de semaines, il y a des groupes entiers de mecs en jean et poussette aux terrasses des cafés. Ils discutent tranquillement en buvant leur kawa entre copains. Toute la stratégie du congé paternité, m’expliquait un collègue, c’est de le caler en même temps que celui d’un bon pote, histoire de se faire des aprèms Play Station pendant que les petits Olav et Liv dorment tranquillement dans un coin.
Au centre de sport, il y a des affiches qui montrent une petite fille disant « un bon papa est un papa qui fait du sport pendant son congés paternité ». Chacun son tour.
Papa poule est partout.
Cela va même plus loin : un super mec en Norvège est un super papa. Il se casse en congé paternité quatre mois, et revient un vendredi aprèm au bureau avec la petite Karoline dans le porte-bébé pour dire bonjour aux collègues, et le voilà le mec le plus respecté de l’étage. Certains papas ramènent même leur gamins alors qu'ils bossent, et pouponnent entre deux réunions. Ma femme ne pouvait pas le garder aujourd’hui, elle a des réunions importantes. Lunaire quand on 100% des gènes latins.
Dites-le leur dès le plus jeune âge !
La conception que filles et garçons sont égaux est inculquée aux norvégiens dès l’enfance. Je me souviens encore d’une vieille dame qui me questionnait : « N’as-tu pas appris à coudre à l’école en France ? » et m’être sincèrement demandé « Est-elle trop vieille pour se prendre une tarte, cette vieille bique empoussiérée ?» Mais elle s’est tournée vers Bjørn-Håkon pour lui lancer dans la foulée  « Et toi non plus, tu n’as pas appris à coudre à l’école ? Ni à tricoter ?» puis vers moi « Bon, on t’a au moins appris à fabriquer une table en bois, petite demoiselle ? » J’avais soudainement envie de la prendre dans mes bras.
Tu veux ou tu veux pas ?
La parité a un prix. Ça fait 100 ans que les femmes ont le droit de vote en Norvège, et bien cela doit bien faire autant de temps ans qu’ on a pas appris à un mec ici à tenir la porte pour Madame.
Ces mesdames veulent donc être les égales de ces messieurs ? Et bien qu’elles ne s’attendent donc pas à ce qu’on leur propose de l’aide quand elles rentrent dans le bus avec une poussette.
Lors d'un date, un norvégien est tout à fait capable de ne payer que sa part de l’addition, (Merde ! mais elle bosse cette nana ! Elle a de quoi se le payer, son café !)
Vous la voulez votre indépendance les filles, ou quoi ?
Martine