lundi 18 février 2013

Episode 36

Chers tous,

La planète Norvegie regorge décidemment de trésors insoupçonnés.
J'ai passé le week-end dernier, avec une petite bande de copains français fort sympathiques, là :

A Tromsø donc, bourgade comptant 70 000 têtes blondes (et donc parmi le top 5 des plus grandes villes de Norvège), située au nord du cercle polaire, et surnommé le Paris du Nord (Tromsø c’est très joli, mais ça faut pas déconner, c’est du gros bullshit).
Comme nous avions très très envie de voir des aurores boréales, observables surtout l’hiver, nous avions mis toutes les chances de notre côté, et nous nous étions inscrits à un safari pour observer les aurores, qui aurait lieu le samedi soir de 18h à 1h du matin. 
La première bonne nouvelle pensais-je à la perspective de ce safari, c’est que, contrairement aux éléphants du Kenya, les aurores boréales ne risqueraient pas de charger les jeeps des touristes. (Cela dit, on continue de raconter que si tu blagues sur les aurores boréales elles peuvent venir t’aspirer pour te satelliter dans le champ magnétique du pôle. Mais ça, c’est quand même après quelques verres de schnaps)
Je préfère taire le prix qu’on a payé pour rouler, rouler et rouler en car dans la nuit au nord de la Norvège quand je vous raconte que dès le vendredi soir, quelques courtes minutes après être sortis de l’aéroport se dessinait dans le ciel une aurore boréale a en perdre son latin. Un tourbillon vert, magnifique, gigantesque dans le ciel polaire étoilé. Une vision de conte de fées, sans rire.

Selon les eskimos, les aurores étaient les âmes des enfants morts qui jouent dans le ciel, et selon les croyances vikings, des jeunes vierges ou des défuntes. Tout ça fout un peu les jetons, mais quand on en voit en vrai, on comprend que ça puisse avoir terrorisé un sacré paquet de gens, avant que ce malin norvégien Kristian Birkeland n’explique qu’il s’agit en fait de la collision entre particules électriquement chargées émises par le soleil et de l'oxygène et l'azote atmosphériques. (Oui, c'est moins poétique mais j'ai des lecteurs qui ont fait math sup et que cette dernière explication satisfera plus.) 
Nous avons donc fait un voyage le samedi, enchanté par la beauté de ce que nous avions vu la veille, avec cette impression d’être dans un endroit fascinant, plus au bout que le bout du monde, et dans l’espoir d’être à nouveau émerveillés.
On a roulé, et roulé et encore roulé. On a tellement roulé qu’on se demandait si on était pas en train de passer la frontière russe. Puis, le bus s’est arrêté sur le bord de la route, il faisait très froid, et on a vu une aurore boréale. Longue horizontale, mais un peu moins éclatante que celle de la veille.
Malgré quelques conseils avisés pour le réglage de nos appareils photos, voilà notre meilleure photo :

Alors qu’une grosse américaine à côté de nous qui s’extasiait en s’enfilant toute une boite de cookies Oh MY God, this is gourgeous !! OMG !!! Faisait des photos comme ça :


J’étais contente finalement que Penny l’américaine se jette sur facebook aussi goulument que sur les cookies car on aurait jamais pu immortaliser ce moment sinon, et personne ne nous aurait cru, pusique biensûr, dans Martine chez les Blonds, toutes les informations sont 100% véritables, c’est bien connu.
Le matin suivant, il y avait dans le centre-ville de Tromsø une course de rennes, LE championnat de course de rennes d’Europe du nord. Un matin normal sur la planète terre… Panem et circenses
Il fallait voir l’ambiance. Toute la Laponie norvégienne, suédoise, finnoise et russe réunie autour d'une longue ligne droite dans la rue principale de la ville, et des rennes lâchés comme des lévriers a pleine balle.
D’abord, il y a eu le tour d’honneur, lors duquel les participants défilent avec leur renne devant la foule en délire « Et voici le Hääävyyää, accompagné de sa maitresse la terrible Irma la Glace ! »
On pourrait s’imaginer ici le petit trot gracieux et propre de Général du Pomeau à la croupe alezane impeccable luisant sous le soleil de Chantilly, montée par une jolie jeune femme au chignon irréprochable, au pantalon blanc et à la veste bleue marine. Or, le « détail », c’est que les rennes ne sont pas des animaux apprivoisés.
Le bestiau rue dans tous les sens, probablement aussi agressé que je l’étais moi-même par l’horrible dialecte du nord de la Norvège du commentateur, et les gars qui défilent sont littéralement en lutte avec l’animal pour les contrôler.
Voilà donc à quoi ressemblait le spectacle :


(Notez en revanche que l’élégance des costumes n’a rien à envier aux princesses mal baisées  monégasques qui se pavanent le dimanche sur un canasson pur race miam les bonnes lasagnes)

La course peut alors commencer :
Les rennes courent comme des dératés, terrorisés, leurs grands yeux noirs idiots écarquillés devant une foule au parka fluo qui les matraquent avec téléphones et appareils photo, et toute autre machine qui désormais en 2013 peut faire des photos. La course dure 17 secondes et sur le côté, on en prend plein les moustaches.
 Mais peu importe : tout y est pour le folklore : y compris la mamie lapone venue encourager son petit fils 3 champion du monde de courses de rennes junior.
Le bécot à tous,

Martine