jeudi 29 mars 2012

Episode 24

Chers tous,

            Le week-end dernier, on est allés à Lillehammer, parce que Bjørn-Håkon voulait encore faire le malin.
            Il participait en effet à la fameuse course de ski de fond appelée Birkebeineren.

            Surnommée par les locaux "Birken", cette course est une véritable institution en Norvège, tout le monde la connait. C'est un morceau de la culture nationale.
            C'est l'épreuve sportive reine des reines, the one and only, la plus hard, la plus médiatisée.
Bref, encore une trouvaille de mes tarés de blonds.

Rappelons dans un premier temps d'où sort ce truc.

        En l'an de grâce 1206, les vikings, séparés en tribus éparpillées entre la Norvège et la Suède, se foutaient sur la gueule constamment.

            Le terrrriiiiible roi Inge Bårdsson avait donc, à la suite d une "prise de bec", liquidé Håkon Sverresøn, roi de la tribu ennemie. Mais ce qu'Inge Bårdsson ignorait, c'est que Håkon Sverresøn avait un fils à naitre.
            Lorsque l'enfant naquit, (bon déjà attention, on l'appelé Håkon aussi en souvenir de son père mort. Mais comme c'était le fils de Håkon, ben ça faisait Håkon Håkonsson. Super Malin.) mais surtout, les types de la tribu comprirent que l'enfant était en danger, puisque le terrrriiiiible Inge voulait aussi le saigner comme son daron. Ils prirent donc la fuite avec le mioche.

            Comment vous dire que traverser la Norvège en ski en 2012, c'est moyen rigolo, alors en 1206, ça devait être over badant. Après plusieurs morts de fatigues dans un hiver resté célèbre pour sa vigueur et son vent glacial, les deux guerriers les plus vigoureux de la troupe sont partis seuls devant, avec le bébé roi.
            Mais il fallait le porter parce qu'il avait pas encore appris à skier tout seul, ce petit con.
Ils ont fait un trajet hallucinant, genre des centaines de kilomètres pour arriver à mettre l'abri cet idiot de morveux de Håkon Håkonsen.
Sur cette image vous voyez donc le grand très fort avec le bébé dans les bras, et le petit futé avec une lance. Asterix et Obelix quoi.



            C'est ainsi en souvenir de cette traversée héroïque qu'a lieu tous les ans en la course de ski de fond Birken. Birken fait 54 km, dans la montagne, les 15 premiers km (cf. parcours), c'est que de la montée. En général, c'est là qu'ont lieu les premiers décès. 

Comme cette course est en mémoire des valeureux vikings, tous les participants sont obligés de porter 3,5kg sur leur dos, ce qui symbolise le poids du prince. Pour le reste, ça n'a plus grand-chose à voir avec l'époque, on regrette les longues barbes et les casques, mais voilà plutôt à quoi ça ressemblait samedi.




Il y a 21 457 participants. (1€ à qui trouve Bjørn-Håkon sur la photo)

            Du coup, le vendredi soir, la veille de la course, j'étais entourée de gens qui se préparaient à ça.
            Lillehammer retenait son souffle pour le lendemain, pour Birken. Des hélicoptères survolaient le petit village olympique, Birken quoi !! (J'en entends au fond qui disent qu'il se passe rien en Norvège, arrêtez !! C'est dégueulasse de critiquer comme ça!). Journalistes et hélicoptères donc, mais aussi scooters des neiges, huskies pour sauver des vie, chevaux de traie pour secourir les huskies morts en essayant de sauver des vie, stand de tir à l'arc et de vente de saucisses, ambulance, morgue et collectionneurs de pin's de Birken étaient présents, prêts pour le lendemain.


Qui n'a pas encore son pin's Birken ????? Demandez le pin's !!! 1200 couronnes seulement!

Quand je suis arrivée à l'hôtel, la nana de la réception m'a répété son disque:
- Vous farterez vos skis à17h, dîner 17h30, menu unique: 4kg de pâtes sauce bolognaise, et extinction des feux à 18h.
Demain, le petit déjeuner est de 4h à 5h15, on vous servira des boites de protéines en poudre et des capsules de magnésium. Check out 5h30.
J'ai du sortir de ce foutu hôtel pour avoir une bière. Merde alors.

Le lendemain, dès l'aube, je savais où en était Bjørn-Håkon, grâce à une puce électronique qu'on lui avait mis dans les *** (il m'a demandé de pas vous le dire). C'était super pratique. Je savais à la minute près quand il arriverait, je me suis donc pointée 5 min à l'arrivée avant lui, tout en lui faisant croire que j'avais poireauté une heure.
Là, des vieux qui terminaient la course ouvraient leur sac, et devinez quoi, ils avaient pris 3,5kg de bières. Samedi 11heures, ils débouchaient leur bouteille pour célébrer la victoire. Des norvégiens en week-end, quoi.

Boucler Birken dans les 25% premiers de sa catégorie, en Norvège, c'est un accomplissement. C'est même une reconnaissance sociale, un rite de passage. Vous vous ouvrez ainsi les portes de la haute société norvégienne, qui, au-delà d'être éduquée, riche et bien pensante, est aussi méga sportive. Chic alors, vous avez alors le droit à cette carte VISA.


Comme si ça suffisait pas, on peut aussi faire "Birken" en vélo l'été.
Comme vous pouvez le voir, on en chie quand même un peu.


Youpi ! Toi aussi viens à Center Park en Norvège !

Le bécot à tous,

Martine

mercredi 14 mars 2012

Episode 23

Chers enfants,

Vive le vent, vive le vent !
Quelle joie de poursuivre ma correspondance avec vous depuis ce féerique pays des glaces scandinave.
Cette fois-ci, mes enfants, j'ai bien l'impression que j'ai une opportunité formidable d'allier l'utile à l'agréable, car j'ai entendu que le grand froid était arrivé parmi vous !
Voici donc quelques conseils avisés pour ne pas vous sentir dépourvus lorsque la bise fut venue. (C'était un truc comme ça, nan?)

1.    Glissez !
      Goutez à la joie de vivre dans un monde où les sports d'hiver sont sans fin. Voyagez sur les neiges, surfez.
Grand-Papa et moi en retard au cinéma

2.    Couvrez-vous toujours la tête !
      La tête étant la partie du corps par laquelle l'on peut perdre 40% de la température corporelle, utilisez des bonnets ! N'ayez jamais peur d'en porter trop.
L'arrivée au travail, avant de prendre l'ascenseur.

3.    Mettez-vous aux couleurs locales !
      Utilisez audacieusement des vêtements locaux ! Selon le vieil adage populaire : pelote de laine tricotée authentiquement te donnera un lainage à porter fièrement !(Note : ces personnes ont toutefois souhaité garder l'anonymat)




 4. Pour conserver la douceur de votre foyer, employez à domicile des personnes formées à frotter la glace
 Vletna et Zoudrof, nos 2 employés de maison polonais, lavant la salle à manger.

   

5. N'ayez pas peur des ours, tirez-leur dessus !
Enfin, si vous êtes attaqués par un ours polaire, ne craignez rien ! Tirez-lui dessus hardiment ! (Attention cependant de ne pas en vendre la peau avant. Ou encore un truc comme ça je crois)
Mise à mort de bébés phoques pour l'entrainement d'un abatteur professionnel spécialisé dans la mise à mort d'espèces menacées.


Mise à mort de bébés phoques pour l'entrainement d'un abatteur spécialisé dans la liquidation des espèces menacées.

(ndlr. bordel ma mère me fout les jetons !)

Mes enfants, si vous appliquez tous ces conseils, vous serez prêts pour le grand froid, car comme disait la comptine de Grand-Papa qu'il chantait toujours après avoir terminé le chouchenn, en se pelotant les roustons sous la table:

Si tu es norvégien tu n'as froid en rien,
Si tu es anglais, tu as froid aux pieds

Si tu es nordique, jamais contre le froid tu n'abdiques
Si tu es espagnol, tu te gèles les guibolles

Si tu es scandinave, du froid les mains tu te laves,
Si tu es franchouillard, SA MERE tu te pèles le lard

Bon Baisers,

Grand-Maman


mercredi 7 mars 2012

Episode 22

Chers tous,

Les norvégiens sont des grands timides. Ils ne sont pas les rois de la tchatche, pas les champions du eye-contact-je-te-regarde-et-hop-on-se-taille-une-bavette, pas les maîtres du "Salut ma biche, tu vas où comme ca?" dans les transports en commun.

Ca va même plus loin, quand on est scandinave, il ne faut surtout pas attirer l'attention en public.[1]
Un norvégien ne montre pas non plus vraiment ses sentiments.
Au travail, je me dis que dans la tête de certains doivent passer 1000 émotions, et pourtant leurs grands yeux bleus et leur joli visage poupin restent constants. Le flegme des norvégiens est épatant, et les crises au travail restent d'une pudeur incroyable. Oubliez les portes qui claquent, les gens qui tirent la gueule, et encore plus, les putains devant l'ordi ou la machine à café qui marche pas.
Dans la vie privée, de même, ce ne sont pas des sanguins. Un norvégien va vous dire calmement "je ne suis pas très content" et puis ça sera tout.
Et franchement jamais, hormis dans un état d'ébriété avancé pour pousser la chansonnette (ou devant le foot), le norvégien ne hausse vraiment la voix.

Pourtant, dans cette retenue, voire même dans cette pudeur qui est de mise en Norvège, il y a un point de rupture énorme. Poussez la porte des vestiaires au sport et là, vous vous demandez si vous n'avez pas rompu l'espace temps et êtes sur une plage nudiste en Allemagne.
Des gens à poil partout, de tous âges, qui, sans complexe, se changent - passe encore - mais discutent volontiers nus, au milieu de 30 inconnus. Des groupes de nanas se retrouvant après le boulot au sport et discutant de leur journée à walou, en croisant et décroisant les jambes au gré de la conversation.

Une fois, je discutais avec une prof après le cours et, pendant qu'on parlait, elle se déshabillait avec vigueur:
 "Tu es française ?"Elle enlève son t-shirt. Ouf ! Elle a une grosse brassière en dessous
Moi, défaisant prudemment mes lacets : Euh, oui.
- C'est super ca, j'adore la France ! Elle retire énergiquement sa brassière et, pour piocher un truc dans son sac, se penche vers moi, qui étais toujours assise sur le banc du vestiaire.
_ Mmmm. J'enlève une chaussure.
_ On allait vers Cannes et Saint Tropez quand j'étais petite avec mes parents. Plus de brassière et plus de chaussettes non plus.
_ Et Nice aussi. Plus de collant de sport.
_ La nature est tellement belle ! Elle enlève sa culotte.
Je fixe mes chaussures.
Je me décomposais de gêne tandis que, complètement nue, elle s'inspectait méticuleusement les dessous de bras dans un naturel déconcertant.

Quand elle s'est éloignée vers les douches, je me suis dit : leçon retenue : ne plus jamais faire la conversation dans les vestiaires, putain Maroni, plus jamais !!

Pourtant, il y a 2 semaines, l'affaire s'est reproduite, en pire.
Je rentre dans le centre de sport et les vestiaires des femmes étaient fermés, parce que les douches étaient en réparation.
Il fallait se changer dans l'entrée du centre ! Ladite entrée donne évidemment directement sur la rue. La fille qui m'expliquait ca avec beaucoup de sérieux était déjà torse nu, et en la regardant me parler innocemment sans soutient gorge, j ai pensé aussitôt très fort a un truc super triste pour éviter de lui pouffer de rire au nez avec un regard grivois.

Bon, mais il faut pas exagérer, car d'une part, les filles sont jolies en Norvège. Tiens, voici un exemple sur cette photo, elle était toute belle quand elle était jeune, vous reconnaissez qui c'est, en 2ème dauphine de Miss Norvège?



Et puis, comme dirait Bjørn-Håkon, "la probabilité que cette histoire de douches hors service se reproduise est minable",

Le bécot à tous,

Martine


[1] Bjørn-Haåkon a vu une fois un couple de parisiens sacrément s'engueuler dans la rue. La fille criait "boucle-la, sac-à-vin" en filant des coups de sac à main au mec, qui lui répétait que c'était vraiment qu'une emmerdeuse comme sa mère. Ben BH ne s'en est toujours pas remis… surtout pas du moment où la fille s'est mis à aborder n'importe quel mec qui passait pour rendre jaloux son copain, qui lui hurlait, 50m plus loin "Mais putain, puisque je te dis que je l'ai pas baisée, Sophie"