lundi 23 janvier 2012

Episode 17

Vendredi, 23 septembre 2011

Chers tous,

            C'est un drame. Ici, on ne joue pas au rugby.
Dur dur donc, de faire vivre une ambiance de coupe du monde quand mes collègues ou amis ne pensent déjà plus qu'au compte à rebours avant la tombée des premières neiges, pour que, devinez-quoi, on puisse aller skier en centre ville.
Pas de conversation à la cantoche sur les All Blacks, donc.

            Mais bon, on se console, il y a quand même le foot. D'ailleurs, j'ai fait l'expérience assez unique d'assister au match Norvège-Islande il y a deux semaines[1].
            Rien que dire Norvège-Islande, ça donne froid, ou envie de rigoler, c'est selon.
            Vous auriez vu le truc.  
Je sais pas comment vous dire à quel point c'était à part. Le stade était plein de norvégiens, genre au moins 15 000, attention ça rigole plus, c'est la moitié d'Oslo. Les islandais, eux, ils étaient venus avec la moitie de Reykjavik donc ils étaient 187. Et du coup, les norvégiens, ils se sentaient plus, quoi. C'était un peu comme quand les tous petits chiens se sentent soudainement indestructibles devant un mulot.
Et ben là, c'était pareil, la Norvège se prenait pour le Brésil. En plus, quand tu rentrais dans le stade, on te donnait un drapeau norvégien, comme ça tu étais oblige d'être pour eux. D'où l'effet de masse.
            Le match n'avait pas vraiment d'intérêt, mais je me disais que c'était sûrement la première fois de ma vie qu'avec tous ces islandais, je voyais autant de personnes d'un même pays en proportion. C'est un peu comme s'il y avait eu 950 000 Chinois dans le stade, quoi.
Et franchement, a y réfléchir, a entendre les noms des joueurs tout blonds en BlablaVIK et BlaBlaSEN venus d'Islande, je me disais que l'Islande, c'est comme la Norvège, mais en tout plus exagéré.
Encore plus blond, encore plus petit, encore plus improbable, encore plus loin, avec une langue encore plus décoiffante (le norvégien du XVème siècle, ça vous ferait marrer, vous ?).

Bon sinon, la Norvège a gagné donc je vous passerai les détails de consommation d'alcool cette nuit-là dans Oslo. Déjà qu'ils se mettent des claques inimaginables avec l'alcool sans raison. Là, il y a avait plus de barrières du tout. C'était presque la fête nationale, et c'est dire. D'ailleurs, quatre jours après la Norvégie a perdu contre le Danemark et des joueurs interviewés ont dit que c'était parce qu'ils étaient encore bourrés de la fête de la victoire contre l'Islande.
Bref le Nord de l'Europe fidèle à lui-même, quoi…

            Sinon, mes copains les blonds continuent de faire des trucs improbables. Ca fait un an que je suis là, et ça fait qu'ils m'en bouchent un coin avec tout ce qu'ils sont capables d'imaginer.
            Ainsi, leur nouvelle trouvaille, c'est de convoquer des stars internationales dans des pubs TV de monsieur et madame tout-le-monde. Décidemment, les norv€gi€n$ ne savent plus quoi faire de leur pognon.
            Chez Crolsberg, on a ainsi eu les sœurs Hilton qui ont fait de la pub pour un de nos sodas. Et mieux encore, la banque où bosse Bjørn-Håkon s'offre la bagatelle d'un mec qui avait déjà fait de la pub pour du café dans leur publicité à la télé pour le livret A… Je vous laisse découvrir de qui je veux parler en cliquant sur le lien. (Nan, en fait, j'en peux plus, il faut que je vous vende la mèche, c'est Georges Nescafé Clooney !!! Oh My God ! Et il dit même un mot en norvégien !!!)

            à  http://www.youtube.com/watch?v=C_8TGTKdrlY 

On peut dire que ça change de notre grosse Maité qui nous répètait avec son accent pas permis que son préféré, c'est le Saingggg Môôôôôret…

            Le bécot à tous,

Martine


[1] Apparemment le Groenland ne pouvait pas jouer ce jour-là.


lundi 16 janvier 2012

Episode 16

Lundi, 30 août 2011

Chers tous,

A force d'avoir vu cet été des scandinaves en vacances, j'ai pu compléter mon observation des grands blonds et des grands blondes. Il me semble désormais pouvoir vous brosser le paysage des différences entre les Danois, Suédois et Norvégiens.
Bon alors, globalement, je vous l'accorde, entre 3 pays où il y a de la neige, des couronnes, du poisson, des princes, des yeux clairs et des langues improbables, y a pas à épiloguer. Et c'est vrai, grosso modo, un scandinave, c'est un mec qui a du gel dans les cheveux, des lunettes de soleil de marque, un polo Ralph Lauren et un pull sur les épaules (ah, merde, ça marche aussi avec les parisiens en Bretagne).
            Pourtant, il y a vraiment des différentes nettes entre les 3 pays.

  1. Les Norvégiens
    1. Un norvégien, c'est un grand timide qui fait du ski. Il est accro au sport et aux patates. Un norvégien introverti regarde ses pieds quand il vous parle, un norvégien extraverti regarde vos pieds quand il vous parle.
    2. Une norvégienne, c'est une jolie Barbie, mais c'est aussi souvent une crêpe ou une omelette avec du saumon dedans.

  1. Les Suédois
    1. Le suédois, c'est l'italien de la Scandinavie. Le mec bien sapé, et qui a confiance en lui (Et oui, à la différence du norvégien, parfois, il croisera votre regard quand il vous parle.). Il a les cheveux en arrière et vous tiendra peut-être même la porte, miracle. Le suédois est un métrosexuel qui achète des cosmétiques pour homme à 120 euros les 20ml qu'un norvégien bourré mangerait en trouvant que ça sent bon… (La Suède a en effet un des plus hauts taux de pénétration au monde pour les cosmétiques pour homme)
    2. Une suédoise, c'est une grande blonde foutue comme une jument qui aime boire, danser et qui a souvent fait trop d'UV.

  1. Les Danois
    1. Un danois, c'est un grand chien
    2. Une danoise, c'est une fille torse nu avec un bas de poisson

Vous voyez donc que ces gens-là n'ont aucun rapport les uns avec les autres. Par ailleurs, je vous joins une cartographie des relations des norvégiens avec les deux pays voisins, réalisée après une enquête made in Martine chez les Blonds.


Le bécot à tous,

Martine

lundi 9 janvier 2012

Episode 15

Jeudi 21 juillet 2011

Chers tous,
           

L'été en Norvège, c'est romantique. A dix minutes de vélo de la maison, il y a les écuries du prince et des champs fleuris, où l'on croise une biche à la tombée de la nuit (qui ne tombe pas). La mer est d'huile dans les fjords, devant les maisons en bois coloré.

(Bon... ok c'est pas exactement ma rue, mais presque, promis)


En Norvège, on est fan de l'été. Complètement fan. En même temps avec l'hiver qu'on s'est farci, je peux comprendre. J'ai moi-même un peu arrêté de me moquer de la capacité des Scandinaves à se foutre en short quand il ne neige pas, et à poil au premier rayon de soleil. Et c'est vrai qu'avec la plage, les barbecues au soleil et les parties de volley entre copains, on s y croirait.
Cet atmosphère bucolique, après un hiver aussi rude, rend les gens plus gentils, et avec le soleil, encore plus blonds. La bonne humeur fleurit elle aussi. Ainsi, Bjørn-Håkon est devenu platine sous le soleil, et moi un peu plus sympa dans le bus. (Enfin vite fait quand même, ils restent assez brutaux dans les transports, ces abrutis de blondasses de concitoyens de mes 2 ! Je vais vous apprendre la politesse, moi !). En tous cas, comme la moitié de mes nouveaux copains les blonds, j'ai une sacrée poussée de taches de rousseur. On s'intègre comme on peut.

            Du coup, ce parfum d'été rend mon cœur tout mou. (Peau de carotte et cœur d'artichaut donc, nous voilà bien). Il y a quelques temps, il y a eu une émission de télé qui filmait non-stop le trajet d'un bateau qui longeait la côte du nord de la Norvège et remontait jusqu'à la frontière russe. Pendant cinq jours on voyait ce gros bateau 24h/24, sans un commentaire mais juste de la musique (genre le best-off d'André Rieu), sans une coupure publicitaire, juste la mer et les paysages en permanence. Je suis devenue complètement accro à cette émission. On voyait les plages idylliques, les fjords, et devinez-quoi, les drapeaux norvégiens qu'agitaient benoîtement les gens depuis les côtes, pour saluer le bateau.


            J'avais déjà passé la soirée du vendredi suspendue à la télé pour regarder ce bateau et la mer (ben oui, Thalassa obligatoire pendant 18 ans, ça laisse des traces…). Le samedi à 1 heure du mat, en rentrant du bar, on a allumé là télé et le bateau dépassait les Lofoten. Il y avait un ciel rouge, rose et violet avec un coucher-lever de soleil à foutre la chair de poule à un Olav Grossebaf.[1] J'ai versé une larmichette en disant "C'est quand même beau ces conneries" et Bjørn-Håkon m'a foutue au lit en me disant "Maroni, tu as encore trop bu, c'est juste un promène-couillons pour riches retraités allemands et hollandais."


M'en fout, tout ça me donne quand même une âme de poète. Je vous envoie donc ces quelques vers, avant, moi aussi, de partir en vacances d'été.
(Note: tous les mots intégrés sont des mots norvégiens qui existent vraiment, promis, et qui sont issus du français. Leur orthographe a donc été transformée en norvégien, mais je suis sûre qu'en vous donnant les indications suivantes, vous allez tout comprendre :
- å se prononce o
- æ se prononce è
- ø se prononce eu
Bonne chance, et bonne lecture)

Pendant que le Tour de France traverse les præri,
Et que Thor Hushovd, espérons-le ne se fera pas écrabouiller par un véhicule de France Television avec un idiot de sjåfør,
En terrasse au soleil, je commande une bière au servitør,
En le complimentant sur la déco de son bar qui pourrait faire la couverture d'Elle Interiør.
J'ai une idé :
Quittons Bygdøy allé ! (ndlr. là où j'habite)
Allons en Thaïlande avec les autres nordiques pour, à la piscine faire la kø,
Adiø.

Le bécot à tous, et bonnes vacances,

Martine




[1] Si je me permettre cette référence…Goscinny avait tout bon, vraiment.


lundi 2 janvier 2012

Episode 14

Vendredi 24 juin 2011

Chers tous,

            On n'arrête pas les surprises sur la planète Norvègie…
Ici, la société compte cinq millions d'habitants (enfin, c'est en me comptant, et en comptant aussi mon pote tchèque, et aussi son pote hongrois qui était venu le voir pour un week-end, sinon c'est 4,9 millions).
De ce fait, vous connaissez ici toujours quelqu'un qui est champion de Norvège de quelque chose. Par exemple, une de mes collègues est triple championne nationale de GRS, et son mari a été pilote de l'équipe olympique de bobsleigh. Il y a donc limite un norvégien sur deux qui est déjà allé à des championnats, aux JO, et même, sans rire, à la coupe de Norvège !
            En même temps vous me direz, c'est fastoche de devenir champion de Norvège de quelque chose. Oui, je vous l'accorde, y a des disciplines où le challenge est pas énorme. Bon, pas le ski de fond, parce que là, vous vous attaquez à des monstres, mais d'autres sports. Par exemple, moi je suis devenue capitaine de l'équipe olympique de galoche bigoudène de Norvège en 2 semaines !!


            Mais ce qui est marrant, c'est qu'en plus de connaitre des champions, vous pouvez croiser des célébrités un peu partout, et assez facilement.
            Alors qu'à Paris, tu racontes complètement on fire à ton pote :
" PUTAIN !!! TU SAIS PAS QUOI !!! J'ai vu dans la rue le mec de la pub pour le PQ !!! Mais si !!!! Un mec avec des lunettes !!!! Ca te dit rien ??? Arrête !!"

            En Norvège, on fait de l'impro avec des présentateurs télé, et on prend des photos du roi aux événements sportifs.
La team Rækevik (Non, ce n'est pas le nom de la dernière collection Décathlon de chaussures pour la marche sur glacier, c'est le nom de famille de Bjørn-Håkon) côtoie aussi par hasard la politique.
Le mois dernier, Bjørn-Håkon a rencontré un député dans un bar et est resté avec lui toute la soirée pour boire des bières et "discuter économie". (Enfin c'est ce qu'il m'a dit, moi je crois que cette conversation vers la fin puait un peu le foot aussi).
Karin, la (très) jolie "petite" (1m80) sœur de Bjørn-Håkon a croisé sur un sentier de fjord le premier ministre. Ils ont ainsi partagé un pique-nique, ambiance saucisson chips.

Les mecs sont donc assez accessibles.

            En plus, ils se la ramènent pas trop, donc quand tu sais pas qu'ils sont connus, tu peux pas vraiment le deviner.
            Une fois à Tromsø, on a pris des binouzes avec des potes de potes rencontrés par hasard. Je leur ai déblatéré plein d'inepties, comme d'hab, genre que mon père exportait des ours, dressés au Texas par ma sœur la cow-gril, pour les revendre à des cirques en Europe de l'Est, et que c'était un super business. Ou encore que ma mère savait décapsuler des bouteilles de bière sans les mains. Les mecs ont bien rigolé et quand ils sont partis, Bjørn-Håkon m'a dit qu'en fait, c'était 2 joueurs de l'équipe nationale de foot. Les boules !!! Je venais quand même de raconter n'importe quoi au Zidane et Anelka locaux.
(Au lieu de ça, j'aurais pu prendre des photos avec eux et me jeter dans leurs bras tatoués, en disant que je ne connaissais pas Bjørn-Håkon…holy crap)
           
            Enfin le seul souci, c'est que si je vous disais les vrais noms de ces gens-là, ça ne vous évoquerait rien… Peut-être seuls les noms des grandes stars émérites des sports de glace qui sont, pour le coup, ici, Dieu sur terre, évoqueraient quelque chose à certains d'entre vous.
Mais globalement, disons-le, à part 2 ou 3 contre-exemples, les célébrités norvégiennes ne sont connues nulle part en dehors de la Norvègie.
            Tiens, faisons un petit jeu : trouvez l'intrus, la célébrité de cette liste qui n'est pas norvégienne:
1.      Eva Joly
2.      MadCon
3.      Lene Marlin
4.      Bjørn Borg
5.      La chanteuse d'Aqua
6.      Bjørndalen

Si :
·                    vous ne connaissez pas tous ces noms,
·                    ou PIRE, que vous vous dites "Tiens, je savais pas qu'il était norvégien…"
·                    ou ENCORE PIRE "Ah, mais il est pas suédois ce mec ??"

et ben vous avez tout compris au problème.
Avec cette histoire de Martine, c'est bientôt Bjørn-Håkon qui va être le norvégien le plus connu en France, normal, il y a au moins 34 français qui savent qui c'est.

Le bécot et bonne semaine à tous,

Martine